Comment ça aucune importance?
Lorsque j’accompagne des thérapeutes en supervision, je crois qu’il n’y a pas une fois où l’un.e ou l’autre me dit:
« voilà, je vais recevoir tel enfant, avec telle problématique et je ne sais pas trop quoi faire. Je me demande si je ne devrais pas commencer par faire ça ou plutôt ça. Qu’en pensez vous?« … ce à quoi je réponds: « Attends avant de vouloir faire un truc. Rencontre le. Prends le temps. »
Savoir quoi faire… Ah le mythe du protocole, de la technique qui résoudrait tout. Parce que ça parle de ça quand même, soyons honnête (et encore plus quand l’hypnose est notre outil principal car souvent associée à une baguette magique par les parents qui attendent de nous qu’on résolve le problème).
Sans compter que derrière les attentes des parents, il y a souvent, plus ou moins planqué pas très loin, ce petit manque de légitimité qui fait qu’on aimerait bien qu’il y ait du résultat rapidement parce que ça viendrait dire qu’on sait ce qu’on fait et qu’en plus on le fait bien.
Sauf que. Sauf que ce n’est pas si simple.
Vous pouvez être le meilleur praticien de la planète, si vous ne prenez pas le temps de créer une relation de qualité avec l’autre, vous passerez à côté de l’accompagnement et il y a de fortes chances que:
- non seulement le parent ne revienne pas
- que l’enfant sente que vous êtes davantage préoccupé à vouloir lui faire faire cette satanée lévitation et qu’il perde confiance parce qu’il aura le sentiment qu’il n’a pas « fait » ce que vous attendiez de lui
- que le problème se renforce :/
Pas cool quand même.
Je ne dis pas qu’il faut démarrer ses accompagnements sans rien anticiper.
Enfin si en fait. C’est ce que je fais aujourd’hui ahaha. Mais ça n’a pas toujours été le cas.
Moi aussi j’ai parcouru les forums à la recherche de ce qu’il fallait faire. Moi aussi j’ai mis plus d’énergie et d’importance par moments à essayer d’appliquer ce que j’avais appris en formation plutôt qu’à me soucier de la qualité de la relation.
Parce que je voulais bien faire.
Mais vouloir bien faire est souvent le début d’un chemin dirigé par l’ego qui ne vous mènera pas loin.
Prendre le temps. Voilà un truc étonnant dans le cadre d’une thérapie brève. Mais on parle de « brève » pas de miraculeuse.
Prendre le temps d’écouter vraiment (pas forcément le fond d’ailleurs, mais ce qui se joue dans la problématique), prendre le temps de créer de l’engagement, de permettre à l’enfant (et au parent) de s’engager vraiment dans l’accompagnement pour s’autoriser à avancer. Ne pas vouloir faire plus (ou plus vite) que l’autre. Mais être là, solide et ancré pour que l’enfant, le parent, la famille… s’autorise.nt à bouger.
Soigner la qualité de la relation est fondamental parce que c’est ce dont les enfants et leurs parents se souviendront.
Et ce, étonnamment même si ça ne fonctionne pas. Parce qu’ils auront trouvé en face d’eux quelqu’un qui leur permet de (se) regarder le problème en face dans une bulle de confiance.
Bien sûr rien n’est tout noir ou tout blanc. Et parfois, ce n’est pas possible parce qu’il se passe un truc dans la relation qui fait qu’on n’y arrive pas (et ça faut le bosser en supervision ;) ).
Mais tendre vers ça est une des clés pour gagner en fluidité dans les accompagnements parce quand on est centré sur l’autre et qu’on est vraiment dans la relation, savoir quoi faire n’est plus une question. C’est une conséquence qui permet de s’adapter réellement à l’autre et à ce dont il a besoin là, maintenant.
Et vous, vous êtes plutôt du style à faire ou vous essayez de lâcher ça le plus possible?
Si tu as envie de créer de véritables stratégies d’accompagnement, à sortir du côté baguette magique qu’attendent souvent les parents et à sortir de la pression qu’on a tendance à se mettre dans nos accompagnements, viens faire un tour par là