Hypnose enfants : quel cadre pour la première séance ?

Récemment, j’ai échangé avec les collègues lors d’une visio sur la cadre de la première séance avec un enfant.

  • Faut-il ou non prendre des infos par téléphone avant le RDV ?
  • Pendant combien de temps recevoir les parents?
  • Faut-il ou non échanger avec les parents avant le rdv? entre les rdv?
  • Doit-on réunir le plus d’infos possibles auprès des parents pour bien accompagner?
  • Comment utiliser cette première séance pour recadrer les demandes et poser son cadre d’hypno (et sa posture) (en quoi notre accompagnement peut-être disruptif comparé à d’autres thérapies plus classiques)…

Autant de questions qui se posent souvent dans la tête du praticien, mais à laquelle il n’y a pas toujours de réponse.

Bien sûr, chaque situation est différente et c’est à chacun de poser son cadre fonction de ce qui lui semble important.
Mais la difficulté réside souvent dans le fait que le cadre… il n’y en a pas vraiment !

Et ça, c’est un vrai problème parce que

  • Tu vois bien qu’il y a un truc qui cloche et du coup, tu te sens mal dans tes baskets parce que la séance ne s’est pas déroulée comme tu le souhaitais, tu t’es retrouvée embarquée dans une demande à laquelle tu n’avais pas envie de répondre ou tu t’inquiète déjà de ce que tu vas bien pouvoir faire lors de la suivante…

 

  • Les parents (et l’enfant) le sentent, ça crée un sentiment d’insécurité qui va desservir l’alliance thérapeutique et risque de ne pas permettre (ou beaucoup plus lentement que prévu) que les choses bougent pour l’enfant.

Faut-il ou non prendre des infos par téléphone avant le RDV ?

 

Pas de réponse unique tu t’en doutes.

Au début de ma pratique, c’est ce que je faisais parce qu’avec le recul, je sais aujourd’hui que c’est moi que ça rassurait.

Je pouvais prendre de l’info sur la problématique, commencer à placer quelques recadrages ici et là (ce qui, en passant est quand même très utile pour poser son cadre de première séance le jour où elle a lieu) mais aujourd’hui je ne fais plus ça du tout.

Est-ce que c’est mieux de ne pas recevoir ou prendre de l’info avant ?

Je n’en sais rien.

 

Je sais juste qu’à un moment ça me convenait d’en avoir avant, ce n’est plus le cas aujourd’hui et j’ai réajusté cette partie de mon cadre. Les gens peuvent m’appeler, mais mon répondeur les renvoie directement vers ma prise de rdv en ligne et vers mon mail pour ceux qui veulent vraiment échanger avec moi en amont (et ça me donne plein d’infos intéressantes d’ailleurs).

 

Teste et tu verras ce qui est mieux pour toi, ce avec quoi tu te sens le plus à l’aise. Mais essaie d’être au clair avec le sens que cela a dans ton cadre.

Quand je prenais le temps d’échanger avec les parents avant le rdv, au-delà du fait que ça me rassurait de savoir sur quoi allait porter le RDV, l’intérêt majeur que je voyais était surtout de ne pas me retrouver avec des demandes qui n’auraient pas eu leur place dans les accompagnements que je propose (exemple : un enfant de 2 ans qui ne veut pas dormir, parce que là, ce sont les parents qu’il faut accompagner, mais je ne vais pas développer ça ici).

 

Aujourd’hui, voici quelques intérêts que je vois à ne plus prendre les parents au téléphone :

  • Je laisse aux parents la responsabilité de ce choix de rdv et les accompagner là où ils en sont lorsqu’ils arrivent en cabinet. (Et si c’est cette demande d’un enfant de 2 ans, c’est une belle occasion que cette première séance permette d’accueillir la souffrance du/des parent.s, lui/leur donner des pistes très concrètes à mettre en place pour que les choses bougent et commencer à tirer le fil du système familial). A eux ensuite de sentir s’ils auront envie d’aller plus ou non (avec moi ou avec quelqu’un d’autre d’ailleurs)
  • Je pars avec un regard très neutre et non biaisé par ce que le parent m’aura dit ou non en amont
  • Je préserve mon temps et mon énergie

 

Pendant combien de temps recevoir les parents?

 

Là encore, pas de réponse unique.

Mon cadre est de prendre un quart d’heure environ lors de la première avec enfants et parents. Je me laisse complètement la possibilité de les recevoir plus si je sens que c’est nécessaire. Mais je reviens à mon cadre si je sens que celui-ci m’échappe avec des parents qui auraient par exemple tendance à prendre beauuuucoup de place dans les échanges ?

Savoir quel est mon cadre de départ fait tiers entre moi et moi-même et me permet de m’y adosser chaque fois que j’en ai besoin tout en gardant une grande souplesse pour l’adapter si je sens que ce sera utile pour cet enfant-là/pour ces parents-là.

Mais encore une fois, c’est moi avec mon expérience, qui je suis, la praticienne que j’ai envie d’être et ce qui me semble important. Beaucoup de collègues font différemment et c’est très bien aussi.

Mais avoir un cadre clair et solide envoie un message implicite fort autour de la sécurité psychique qu’ils peuvent trouver au sein de l’accompagnement.

 

L’effet le plus puissant d’un cadre clair et solide

 

Mais le plus grand intérêt selon moi à réfléchir sur son cadre et à le poser dès la première séance est de poser son cadre (et sa posture) d’hypno.

Tu t’es déjà demandé en quoi en quoi notre accompagnement peut être disruptif comparé à d’autres thérapies plus classiques ? pourquoi les gens viennent nous voir après avoir écumé tous les thérapeutes de la région pour leurs enfants ?

Je vois trop souvent les hypnos qui se retrouvent à emprunter le même chemin que les collègues accompagnants, à tomber dans les mêmes écueils, à accompagner de la même manière et au final, à prendre le risque que rien ne bouge, de renforcer le parent (et l’enfant !) dans l’idée que son problème est vraiment costaud parce que personne ne peut rien y faire (même pas l’hypno qui était pourtant « le dernier espoir »…)

Mais bon sang !

C’est tout de suite qu’il faut rompre le pattern de la course aux thérapeutes ! Demande-toi comment tu vas justement proposer quelque chose de complètement disruptif par rapport à ce qui a été fait avant.

Le parent veut vous raconter tout ce qui s’est passé depuis la naissance ? tu as l’impression qu’il faudrait tout connaître et comprendre pour bien accompagner ? et bien stop en fait ! Qu’est ce qui t’empêche de démarrer complètement à l’aveugle, sans contenu ? Les parents (pas tous hein mais pas mal quand même) ont souvent cette impression qu’ils doivent tout dire, tout raconter, ne rien oublier pour que tu comprennes bien la situation.

Poser ton cadre, assumer ta posture d’hypno, c’est s’autoriser à dire : « non merci je n’en ai pas besoin pour l’instant ». Voilà comment je travaille.

Et c’est tellement rassurant en tant que parent de se dire « oh ok. J’ai pas l’habitude de ça mais il/elle a l’air de savoir ce qu’il/elle fait »

Après encore une fois, c’est à adapter et surtout, il est important de l’amener de manière suffisamment fine pour qu’il y ait une alliance implicite qui s’opère très rapidement et qui permette de sortir du cadre que le parent imagine (ou de ce qu’on imagine qu’il imagine ahaha).

Bref, tu l’auras compris, le cadre pour tes accompagnements (adultes ou enfants d’ailleurs), c’est la base !

 

Quel est ton cadre à toi ? qu’est-ce que ça permet ? Est-ce que tu prends le temps de le réajuster régulièrement ? ne serait-ce que de te poser la question de « tiens, où est-ce que j’en suis dans ma manière d’accompagner ? »

Et si tu veux apprendre toi aussi à créer un cadre qui favorise vraiment le changement tu peux aller voir par ici.

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